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ENS Lettres et Sciences Humaines

 

 


Lectures de Marcel Proust dans l’émigration russe

 

Gervaise TASSIS
Université de Genève

 

S’il est une époque durant laquelle les contacts culturels entre la Russie et la France furent intenses et féconds, ce fut sûrement l’entre-deux-guerres, période à laquelle de nombreux hommes de lettres russes exilés vivaient et créaient à Paris. Même si beaucoup avaient à cœur de conserver les meilleures traditions de la littérature russe, ils ne pouvaient pas ne pas s’intéresser aux littératures occidentales et, plus particulièrement, à celle de leur pays d’accueil. En témoignent les très nombreuses recensions et articles consacrés à des écrivains français dans les différents organes de la presse émigrée parisienne.

L’un des auteurs sans conteste le plus souvent cité et commenté est Marcel Proust. Les émigrés sont témoins de la naissance de son culte, ils lisent son œuvre au même moment que les lecteurs français et très tôt en reconnaissent la valeur.

Nous nous proposons, sur la base d’une analyse des articles et des recensions consacrés à l’œuvre de Proust, mais aussi des nombreux autres textes où il en est question, de montrer comment l’émigration a lu Proust et comment celui-ci est devenu dans les années 1930 une référence obligée dans le débat littéraire de l’émigration. Si Mark Aldanov souligne, à plusieurs reprises, ce que Proust doit à Lev Tolstoj, d’autres notent le caractère éminemment français de son œuvre. Se pose dès lors la question de savoir si un écrivain émigré peut subir l’influence de Proust sans pour autant renoncer à sa qualité d’écrivain russe. Cela nous amènera tout naturellement à traiter de la polémique concernant la viabilité d’une littérature émigrée, laquelle fit rage dans les années 1930, et fut l’occasion pour la « jeune génération » d’exposer sa propre vision de la littérature.

 



Gervaise Tassis

Gervaise Tassis est chargée de cours en littérature russe à la faculté des lettres de l’université de Genève depuis 2000.

Elle est docteur ès lettres (L’Œuvre romanesque de Mark Aldanov. Révolution, histoire, hasard, Bern, Peter Lang, Slavica Helvetica, vol. 48, 1995).

Elle participe à un projet de recherches financé par le Fonds national de la Recherche suisse sur la réception de la littérature française par les écrivains émigrés dans l’entre-deux-guerres.

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Dernières publications :

« Un tyran fou ou l’image de Paul Ier dans la littérature russe », Contributions suisses au XIIIe congrès mondial des slavistes à Ljubljana, août 2003, Bern, Peter Lang, 2003, p. 325-343.

« La Révolution russe dans cinq romans de l’émigration », From The Other Shore, Russian Writers Abroad Past and Present, vol. 4, 2004, p. 11-33.

« La difficile quête du bonheur d’un écrivain émigré (les romans de Jurij Felʹzen) », Modernités russes, vol. 5, 2004, Lyon.