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ENS Lettres et Sciences Humaines

 

 


Alexandre Ier dans l’historiographie russe
du XIXe siècle et du début du XXe siècle

 

Korine AMACHER
Université de Genève, Unité de russe et Institut européen

 

Le but de la communication est d’analyser l’historiographie du règne d’Alexandre Ier, telle qu’elle s’est formée au XIXe siècle, dans les œuvres d’historiens comme le baron Modest Korf (1800-1876), Modest Bogdanovič (1805-1882), Nikolaj Šilder (1842-1902), Vasilij Ključevskij (1841-1911), le grand-duc Nikolaj Mixajlovič (1859-1919), Sergej Roždestvenskij (1868-1934), Aleksandr Pypin (1833-1904), Vasilij Semevskij (1848-1916), etc., ainsi que dans une série de publications de sources comme celles de Vjazemskij, Raevskij, Mordvinov, des frères Turgenev, du Lycée impérial au début du XXe siècle.

On s’interrogera sur les logiques qui sous-tendent les différentes approches, et notamment sur le découpage, devenu traditionnel, de ce règne en deux périodes bien distinctes, la guerre et les règlements diplomatiques de 1812-1815 marquant généralement la « coupure » entre ces deux périodes. La première était vue comme une période libérale de réformes ou de projets de réformes (celles du comité intime, celles de Speranskij), et la seconde comme une période de renoncement ou de réaction (celle d’Arakčeev, le « mauvais génie » du tsar, et des colonies militaires). La première période est marquée par les espoirs de l’opinion éclairée (ou obščestvo), la seconde période par la déception qui conduisit à la révolte décembriste.

On analysera la genèse de cette vision, dont les origines remontent à l’époque même qui en est l’objet et à l’opinion dont elle a hérité. Elle s’est imposée, par ailleurs, parallèlement à un culte croissant de la culture et de la sociabilité russes à l’époque d’Alexandre, celle du Lycée, des premiers salons, du jeune Puškin, époque qui était présentée comme un « âge d’or » d’autant plus brillant qu’il contrastait avec les ombres du règne de Nicolas Ier.

 



Korine Amacher

Korine Amacher est maître-assistante à l’Unité de russe et à l’Institut Européen de l’université de Genève. Docteur en lettres, elle est l’auteur d’une thèse consacrée à Friedrich Gorenstein (Berne, Peter Lang, à paraître).

Ses enseignements et ses domaines de recherche actuels portent sur l’histoire et la civilisation russes, plus spécialement au XIXe siècle (mouvements politiques, historiographie russe, idée d’Europe en Russie, etc.).