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ENS Lettres et Sciences Humaines

 

 

 

Activisme politique et militaire dans l’émigration russe : réalité ou sujet littéraire ? À propos du « Bratstvo Russkoj Pravdy Â » après sa disparition

Wim COUDENYS
Université catholique de Louvain, Fonds de la Recherche scientifique

 


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Mots-clés : Bratstvo Russkoj Pravdy, terrorisme, émigration russe, anticommunisme

 

Ces dernières années, on a tendance à associer le terrorisme uniquement avec l’extrémisme religieux musulman. On oublie trop facilement que la haine de la culture occidentale et le désir de la détruire par tous les moyens ont déjà une longue histoire, et pas exclusivement chez les non-chrétiens. La Russie, notamment, peut se prévaloir d’une tradition terroriste remarquable, tant dans sa population opprimée et révoltée qu’au niveau des pouvoirs publics. En fait, c’étaient justement l’Empire russe et l’Union soviétique qui appliquaient les méthodes terroristes, développées auparavant par la narodnaja volja (« volonté du peuple ») puis les socialistes-révolutionnaires, pour combattre leurs ennemis à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Bien que dans ce genre d’activités la notion d’« ennemi » soit toujours floue, c’est surtout lors des « temps des troubles », notamment pendant la guerre civile russe et sa longue après-guerre, que le décalage entre la violence vécue et sa justification idéologique a atteint son paroxysme1. Au moment où les parties combattantes se positionnaient dans les angles opposés du champ de bataille idéologique, les moyens appliqués pour combattre l’adversaire ne correspondaient guère à la « pureté politique » prétendue. Surtout, l’émigration russe militaire se trouvait dans une position impossible : en tant qu’héritier et partisan de l’ordre impérial russe, elle devrait nécessairement propager la restauration de l’Empire tsariste et la libération du pays par des moyens légitimes, c’est-à-dire par une armée russe régulière2. En aucun cas, elle ne pouvait justifier le recours à la violence irrégulière, qu’elle attribuait d’habitude exclusivement aux bolcheviks3. Malheureusement, l’état-major de l’armée impériale russe en exil ne disposait pas de contingents suffisants pour battre l’Armée rouge et ne pouvait pas compter sur l’aide militaire ou financière des Alliés. Alors, au moment où l’Armée blanche était dissoute et remplacée par une association des anciens combattants (l’Union générale militaire russe ou Russkij Obšče-Voinskij Sojuz), ses dirigeants et avant tout le général Aleksandr Pavlovič Kutepov (1882-1930) cherchaient à s’associer à des organisations prêtes à combattre les bolchevistes par « tous les moyens »4. Une telle association, non approuvée, bien sûr, par un conseil d’administration quelconque, ni même soutenue par la plupart des généraux blancs, poussait Kutepov et ses amis dans l’illégalité et les livrait aux caprices des services de renseignements et de tout individu ou groupement prétendant mener une lutte anticommuniste. C’était notamment le cas avec le fameux réseau « Trust », une organisation monarchiste à l’intérieur de l’Union soviétique, dont les militaires blancs espéraient qu’elle pourrait faire éclater le régime soviétique. En réalité, le Trust n’était qu’un piège, tendu par la GPU (Gosudarstvennoe političeskoe upravlenie, Direction politique d’État) pour discréditer l’émigration russe. En effet, quand le Trust fut démasqué, en 1927, un grand nombre d’émigrés retira sa confiance aux généraux blancs qui s’étaient laissés entraînés si facilement dans une aventure invraisemblable5.

L’affaire du Trust encourageait d’autres organisations dites « activistes » à se profiler au dépens des militaires blancs discrédités. Ce fut tout d’abord un groupement strictement conspirateur, le Bratstvo Russkoj Pravdy (Confrérie de la Vérité russe), qui s’efforçait de remplir le vide laissé par le Trust6. L’idée de la Confrérie elle-même prenait son origine dans la revue marginale Russkaja Pravda (La Vérité russe) (1922-1933), qui voulait inciter la population russe à se dresser contre ses oppresseurs bolcheviks. Il est peu probable que la Russkaja Pravda aurait jamais touché son public ni atteint son but, mais Vladimir Grigor’evič Orlov (1882-1941), l’instigateur probable du projet7, avait réussi à convaincre du contraire les militaires avec lesquels il collaborait8. Le rédacteur en chef et seul contributeur de la Russkaja Pravda était Sergej Alekseevič Sokolov-Krečetov (1878-1936), qui, après avoir naguère publié de la poésie symboliste (dont les Stihi o prekrasnoj dame [Vers sur la belle dame] d’Aleksandr Blok) dirigeait désormais la maison d’édition Mednyj Vsadnik à Berlin9. Pour le style et la teneur de Russkaja Pravda, Sokolov-Krečetov avait eu recours à son expérience dans Osvag (Osvedomitel’noe agenstvo, Service d’information), le service de propagande des forces russes blanches pendant la guerre civile. Vers 1925, la publication de Russkaja Pravda devint plus régulière, grâce à l’aide financière du duc Georg von Leuchtenberg (Georgij Lejhtenbergskij, 1873-1929), un parent de Nicolas II qui s’était installé en Bavière. Par contre, comme la Russkaja Pravda était destinée à l’Union soviétique, où elle n’avait aucune chance de générer un revenu quelconque, il fallait trouver de nouvelles sources de financement. Dans ce but, Sokolov-Krečetov créa le Bratstvo Russkoj Pravdy. Bien que la Confrérie ait été conçue en premier lieu pour faire ouvrir aux émigrés tout grand leur bourse et ne se mêlât pas officiellement de la lutte contre les bolcheviks à l’intérieur de l’Union soviétique, la discrétion qu’elle affichait suggérait tout autre chose. Tout d’abord, les membres de la Confrérie n’étaient connus que par un numéro et la composition du verhovnyj krug (« cercle suprême ») était un secret bien gardé. Deuxièmement, la Confrérie revendiquait chaque « attaque terroriste » contre les bolcheviks. Le seul problème, bien évidemment, était l’absence de sources indépendantes pouvant confirmer une telle assertion. Le décès inattendu d’un dirigeant soviétique ou même une catastrophe majeure dont la presse occidentale avait pris connaissance étaient immédiatement attribués aux partisans du Bratstvo Russkoj Pravdy. Même les attentats contre des représentants soviétiques à l’étranger, insinuait-on, étaient liés, d’une manière ou autre, à la Confrérie. Finalement, à partir de 1926, le Bratstvo se vantait de sa collaboration avec Zelënyj Dub (Le chêne vert), un prétendu réseau de partisans dans l’Ouest de la Russie et en Biélorussie. Les mémoires du chef de Zelënyj Dub, l’ataman Dergač, parurent dans la Russkaja Pravda, et pendant l’été de 1927, le quotidien parisien conservateur Vozroždenie (La Renaissance) commença à publier les aventures d’un associé de Dergač, l’ataman Krečet. Les lecteurs de Vozroždenie étaient tellement captivés par l’histoire de Krečet, que personne ne se demandait si les récits de Krečet n’étaient pas, par hasard dus à la plume de Sokolov-Krečetov. Quoi qu’il en soit, après les scandales qui avaient secoué l’émigration russe dans la seconde moitié des années 1920, le Bratstvo Russkoj Pravdy donnait l’air d’être un adversaire sérieux des Soviétiques10. Le chef des anciens combattants russes, le général Petr Nikolaevič Vrangel’ (1878-1928), bien instruit par Sokolov-Krečetov, déclara qu’il n’y avait rien à craindre de la Confrérie ; Sergej Nikolaevič Paleolog (1877-1933), le représentant des émigrés russes auprès du gouvernement yougoslave, mit sa collecte au profit du grand-duc Nikolaj Nikolaevič (Fond Spasenija Rossii, Fonds pour le salut de la Russie) à la disposition du Bratstvo et le métropolite Antonij Chrapovickij (1863-1936), chef de l’Église orthodoxe russe monarchiste, dite « hors frontières », donna sa bénédiction à la Confrérie. Grâce à sa générosité financière, Anastas Andreevič Vonsjackij (1898-1965), le président de la Vseobščaja fašistskaja organizacija (Organisation fasciste panrusse), prenait la tête de la section américaine11. Dans toute l’Europe, aux États-Unis et en Asie, des émigrés russes prêtaient serment à la Confrérie, pendant que les dirigeants de leurs mouvements s’exprimaient favorablement à son sujet. L’appui des émigrés au Bratstvo, qui d’ailleurs ne cachait pas ses convictions antisémites12, n’était pas restreint aux antibolcheviks d’extrême droite. Sokolov-Krečetov avait même réussi à gagner des représentants de gauche à sa cause. Le plus précieux converti était sans doute Vladimir L’vovič Burcev (1862-1942), un socialiste-révolutionnaire célébré pour le zèle avec lequel il poursuivait les agents provocateurs soviétiques et autres espions13. Malheureusement, plus le Bratstvo faisait de la publicité - chose bien étrange pour une société secrète - plus il y avait des rumeurs selon lesquelles il n’était qu’un coup monté par la GPU, une organisation d’extrême droite ou même un « complot judéo-maçonnique ». La presse, surtout Vozroždenie, dont Sokolov-Krečetov espérait le soutien, se faisait de plus en plus réservée ; les pamphlets et les livres consacrés au Bratstvo, dont Belaja Svitka (Le surtout blanc) de Petr Nikolaevič Krasnov (1869-1947) et Stena plača i stena nerušimaja (Le mur des lamentations et le mur indestructible) d’Aleksandr Valentinovič Amfiteatrov (1862-1938), n’étaient distribués que parmi les membres de la Confrérie ou furent publiés à un moment inopportun (notamment en janvier 1930, au moment de l’enlèvement du général Kutepov par la GPU)14. Pendant plusieurs années, les rumeurs autour de la Confrérie furent attribués soit aux confrères souffrant du « politiquement correct », soit aux membres renvoyés de la Confrérie, dont Orlov, l’initiateur du groupement. Enfin, à l’été 1932, il devint de plus en plus difficile de nier ou même de minimaliser les querelles au sein du Bratstvo. La lutte entre différentes factions sur la politique à suivre et sur la question de savoir qui aurait le plus de chances auprès des éventuels bailleurs de fonds, s’acheva par la dénonciation de Aleksandr Nikolaevič Kol’berg, le secrétaire de Sokolov-Krečetov15, comme agent provocateur à la solde des Soviétiques. Bien qu’aucun élément à charge contre Kol’berg n’ait surgi, Sokolov-Krečetov fut contraint (notamment sous la pression de la section parisienne du BRP) de démissionner dès le 1er novembre 1932. D’autres membres importants dont Vonsjackij et Krasnov démissionnèrent également. Le successeur de Sokolov-Krečetov, Anatolij Pavlovič Liven (1872-1937), trop âgé et trop isolé (il vivait en Lettonie), manquait d’autorité et de caractère pour vraiment peser sur les confrères qui se disputaient à Berlin et à Paris. Après 1932, le Bratstvo Russkoj Pravdy disparaît dans les ténèbres16, ce qui explique pourquoi les chercheurs ont prétendu qu’après cette date le Bratstvo n’existait plus, ou bien qu’il ne méritait plus l’attention. Oleg Budnickij, par exemple, dans un article récent, voit dans le Bratstvo un projet littéraire de Sokolov-Krečetov qui perd toute valeur lors de la disparition de l’auteur17. Lazar Flejšman considérait l’histoire du BRP plutôt comme une conséquence de l’affaire du Trust, ou une variation sur un même thème18.

En fait, ces deux approches témoignent d’une certaine résignation au sujet du Bratstvo. D’une part, en réduisant la Confrérie à un projet littéraire et donc fictif, on nie la réalité qu’elle représentait pour un grand nombre d’émigrés. Pour ceux qui avaient prêté serment au Bratstvo ou y avaient investi du temps, de l’argent et même des moyens intellectuels, son histoire ne s’arrêta pas en 1932. D’autre part, les sources étant rares, on conclut trop rapidement que la Confrérie avait effectivement disparu en 1932. En réalité, le Bratstvo éclata en différentes factions, qui ont toutes donné leur propre version des faits, ce qui ne facilite pas une meilleure compréhension de l’histoire. Pour combler cette lacune, je me suis fondé sur les archives de l’écrivain Aleksandr Amfiteatrov, qui, dès 1927, s’efforça de plaider la cause du BRP dans la presse de l’émigration russe19. Même après les événements de 1932, il continua à s’intéresser au Bratstvo, en collectionnant les témoignages, commentaires et critiques des protagonistes. Bien qu’Amfiteatrov lui-même ait eu beaucoup de mal à s’orienter dans ce flot d’information et de désinformation, il est possible de reconstruire l’histoire du BRP « après sa disparition » en suivant les différents fils conducteurs de la correspondance de l’écrivain.

Tout d’abord, c’était Sokolov-Krečetov qui tenait Amfiteatrov au courant des évolutions au sein du BRp. Bien que démissionnaire, il continuait en effet à suivre les événements de près. Dans sa correspondance avec Amfiteatrov, l’ancien numéro un du mouvement avouait qu’il avait commis des erreurs : en effet, la Russkaja Pravda avait été composée presque entièrement par lui-même20 ; de plus, il avait méconnu Kol’berg et sous-estimé son influence21 ; enfin, les insinuations contre Sokolov-Krečetov, lancées par Orlov, le fondateur du BRP et lui-même maître dans l’art de la mystification, s’étaient enracinées plus profondément que prévu22. Sokolov-Krečetov voyait aussi d’un mauvais œil l’inertie qui régnait au sein du Bratstvo après son départ. Il déplorait que sa proposition de réorganiser le BRP - le scinder en deux sections, une de propagande et une d’action - soit rejetée par les nouveaux dirigeants23 ; par ailleurs, il était évident que les jeunes Turcs de Paris qui s’étaient révoltés contre Sokolov-Krečetov et son entourage berlinois en automne 1932, n’étaient pas de taille à résoudre les problèmes du BRp. Aussi, en mai 1933, Liven aurait demandé à Sokolov-Krečetov de rentrer dans le Bratstvo = et prendre la tête d’un nouveau « comité exécutif », situé à Berlin, tout en dissolvant la section parisienne. Cette décision était apparemment inspirée par la nouvelle situation internationale, dans laquelle l’Allemagne nazie semblait prête à promouvoir l’anticommunisme alors que la France se rapprochait trop de l’Union soviétique. mais à peine deux mois plus tard selon Sokolov-Krečetov, Liven, indécis comme toujours, changea d’avis. Dès lors, Sokolov-Krečetov rangea Liven dans le même camps que les Parisiens, avec leur hardiesse de jeunesse, et les Américains, abusés par un fasciste têtu (Vonsjackij)24. Il assurait en revanche Amfiteatrov qu’il avait l’appui des sections à Danzig, en Allemagne, Estonie, Lettonie, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie, Égypte, Grèce, au Proche-Orient, en Extrême-Orient et même celui de certains groupes français et américains. En fait, il prétendait qu’il était victime d’un complot gigantesque, fomenté par Orlov et exécuté par ses complices, dont un certain « Izjumec » à Bruxelles25.

Ce nom conduit sur une tout autre piste. Izjumec était le nom de plume d’Andrej Vladimirovič Balašov (1889-1969), un auteur de poèmes patriotiques qui s’était installé en Belgique en 1925 et y dirigeait une maison d’édition illégale, spécialisée en pamphlets subversifs destinés à l’Union soviétique. L’ironie du sort voudrait que Sokolov-Krečetov ait mis Amfiteatrov en contact avec Balašov, qui, ensuite, en 1931, publia Stena plača i stena nerušimaja, un roman d’Amfiteatrov consacré au Bratstvo26. Évidemment, Izjumec donna à Amfiteatrov une toute autre version des faits que Sokolov-Krečetov. Il écrivit qu’il avait rompu avec ce dernier dès mai 1932, avant que l’affaire Kol’berg éclate27. Il nia toute collusion avec les Parisiens ; il avait néanmoins entamé des pourparlers avec eux pour discuter la publication future de Russkaja Pravda, indépendamment de Sokolov-Krečetov28. Ces pourparlers furent arrêté au moment où le général Dmitrij Nikolaevič Potockij (1880-1949), le maître à penser des Parisiens « révoltés », annonça son intention de négocier le sort de la Russie avec les Ukrainiens29. Izjumec, comme tout son entourage bruxellois, était non seulement un patriote russe convaincu opposé aux revendications ukrainiennes, mais aussi un monarchiste acharné, pour lequel l’identification de « russe » avec « orthodoxe » était évidente. Balašov déplorait moins l’inertie de Liven, le nouveau « numéro un », que le fait que Liven et son secrétaire fussent des luthériens !30 Pour cette même raison Balašov s’était opposé au franc-maçon Sokolov-Krečetov (par une ironie du sort, son correspondant Amfiteatrov l’était aussi !)31. Cependant, Balašov avait emprunté tout son style de conduite à Sokolov-Krečetov : il relança la légende des réseaux terroristes en Russie soviétique, inventée par Sokolov-Krečetov32 ; il conjura Amfiteatrov de maintenir le secret autour du BRP, de ne parler de la Confrérie qu’avec lui et de ne dévoiler son nom à personne33. En fait Balašov espérait qu’Amfiteatrov l’introduirait dans les milieux littéraires et journalistiques, afin d’étendre sa réputation et d’augmenter son autorité au sein du BRp. Il escomptait surtout un rapprochement avec le général Krasnov, qu’il considérait comme un coreligionnaire34.

Lors de l’affaire Kol’berg en automne 1932, le général Krasnov avait démissionné du BRp. En quittant formellement la Confrérie, le général-écrivain avait en fait confirmé un secret de polichinelle : il était l’un des dirigeants de l’organisation. Comme Sokolov-Krečetov ou Balašov, lui aussi se sentait obligé de justifier sa décision devant Amfiteatrov. Dans sa lettre du 15 novembre 1932, Krasnov déclara qu’il s’était toujours bien entendu avec Sokolov-Krečetov, jusqu’au moment où celui-ci avait décidé de transformer la société secrète qu’était le Bratstvo en une organisation publique, ou du moins en une structure beaucoup plus ouverte qu’auparavant. Il craignait surtout que le BRP soit touché par les querelles qui semblaient le passe-temps préféré des émigrés. De plus, Krasnov était irrité que Sokolov-Krečetov ait négligé tous ses avertissements à propos de Kol’berg35. Alors, après le départ de Sokolov-Krečetov et le fractionnement de l’organisation, Krasnov ne voyait, ni ne connaissait plus personne en qui il pourrait avoir confiance au sein du BRp. Selon lui, Balašov, par exemple, était sans doute un homme honnête et idéaliste, mais il manquait d’envergure pour prendre les choses en main. Lorsque il lui fut demandé s’il serait prêt à diriger le Bratstvo, Krasnov répondit que, l’organisation étant devenue un vaste conglomérat d’individus et de groupuscules, il lui manquerait le temps, les moyens et surtout l’envie de conduire une telle entreprise36. Cependant, neuf mois plus tard, il avait changé d’avis : l’affaire Kol’berg n’aurait été qu’un prétexte pour quitter l’organisation, dans laquelle, en réalité, il avait perdu toute foi :

J’ai quitté la Confrérie au terme d’un long combat avec sa hiérarchie sur des questions essentielles. Le travail de militant s’étiolait peu à peu pour se muer en broutilles : on collait des petits drapeaux et des tracts, mais l’on avait oublié la véritable activité terroriste. Les personnalités les plus fortes avaient été chassées de l’organisation, il ne restait qu’une lie médiocre et incapable, le centre de l’étranger ne pensait plus qu’à lui-même et n’entreprenait aucune action décisive. Je posai plusieurs ultimatums qui demeurèrent sans suite. Puis je reçus la visite de quelqu’un du front chaudement recommandé par le centre. Il me parla de leur travail quelque deux heures durant, et je sentais bien qu’il mentait. J’avais honte et je ne répondis rien. Je vérifiai ses dires, ce n’était que du vent. Dans ces conditions, je perdis toute confiance dans le travail des Frères ; rester plus longtemps au sein de la Confrérie n’avait alors plus aucun sens. C’est pourquoi je l’ai quittée. L’épisode Kolberg ne fut qu’un prétexte pour partir sans faire de scandale [...].37

Malgré ses affirmations, Krasnov n’avait pas rompu tous ses liens avec le Bratstvo. Au milieu des années 1930, profitant de son autonomie locale, la section du BRP en Extrême-Orient s’était proclamée comme la seule qui combattait activement les bolcheviks. Déçu par le comportement indécis des Russes émigrés en Europe, Krasnov mettait tout son espoir dans l’Extrême-Orient et croyait qu’à l’insu des Européens, on pourrait y recréer le vrai Bratstvo, secret et terroriste38. En réalité, les promesses des Frères en Extrême-Orient étaient aussi futiles que celles faites par le Bratstvo original avant. Il n’y avait toujours aucun moyen de vérifier leurs dires ; les protagonistes, dont Krasnov, Izjumec et Sokolov-Krečetov, enchantés par les perspectives en Chine, n’arrivaient toujours pas à adopter un point de vue commun ; finalement, en 1936, la section d’Extrême-Orient subit le même sort que l’organisation européenne : elle aurait été infiltrée par la GPU, du moins, c’est ce que l’on prétendait39.

Le prince Liven, le Frère numéro un, sollicita lui aussi l’aide d’Amfiteatrov. Vivant quasiment complètement isolé en Lettonie et accusé par presque tout le monde de manquer d’énergie, il se hâta d’expliquer sa position. En octobre 1935, il justifia son « invisibilité » par le fait qu’il s’occupait exclusivement des activités à l’intérieur de l’Union soviétique et ne voulait pas se laisser entraîner par les disputes dans l’émigration40. Deux mois plus tard, il promit à Amfiteatrov de lui fournir de nouvelles informations sur ses projets, à condition qu’il les garde pour lui-même. Selon Liven :

Tout ce qu’il y a de lumineux, d’honnête et de pur continue de lutter avec succès « là-bas », dans la lointaine Russie. En revanche à l’arrière, à l’étranger, on mène une action sombre et vile dont je percerai l’infamie à jour, documents à l’appui, au moment opportun, lorsqu’en sera venu le temps.41

Liven, qui était atteint par une maladie incurable, mais souffrait également de manie de la persécution, écrit aussi que Sokolov-Krečetov, qui s’était rétabli, en 1935, aux dépens de Liven, aurait été un agent de la Gestapo, que son appartenance à la franc-maçonnerie lui aurait coûté cher en Allemagne et qu’il se serait réfugié en France, pour s’y joindre au « libéral » Miljukov et à ses amis, les Soviétiques. Izjumec, un associé de Sokolov-Krečetov, n’aurait guère valu mieux. Cependant, Liven n’était pas pessimiste au point de ne pas proposer à Amfiteatrov de collaborer au « nouveau » futur Bratstvo. Il lui envoya des documents à utiliser dans la presse, dont sa version de l’affaire Trust42.

Amfiteatrov se jeta sur cette opportunité. Écrivain et journaliste vivant de sa plume, il comprit qu’un sujet comme le Trust était de nature à faire monter la vente des journaux et donc, à augmenter ses revenus. Au cours de mars et avril 1936, en effet, Vozroždenie commença la publication d’une série d’articles d’Amfiteatrov sur le Trust43. Liven très satisfait des réactions des lecteurs, insistait néanmoins pour qu’Amfiteatrov ne dévoile pas ses sources, susceptibles d’être attribuées au Bratstvo44. De même, Liven lui procura des documents pour une série d’articles, consacrés aux « traîtres » dans l’émigration russe. Cette série, intitulée « Orden Iudy Predatelja » (« Ordre de Judas le Traître »), parut dans Vozroždenie entre août et novembre 193645 ; elle traitait, entre autres, des activités de Orlov, le fondateur de la Confrérie qui s’était ensuite retourné contre elle et que Sokolov-Krečetov et Liven accusaient d’être responsable du déclin de l’organisation46. Amfiteatrov avait sans doute décidé d’écrire « Orden Iudy Predatelja » en hommage à Sokolov-Krečetov, qui était décédé en mai 193647, et de Liven, qu’il croyait gravement malade et même paralysé. Ce n’est qu’après le décès de Liven en avril 193748, qu’Amfiteatrov se rendit compte de la mystification dont lui-même avait été victime. Peu à peu, à la lumière des « droits de réponse » et des lettres qu’il reçut à propos de « Orden Iudy Predatelja », Amfiteatrov commença à reconsidérer sa position. Son vieil ami à Paris, le publiciste Burcev, vint à son aide. Burcev, qui avait consenti à plaider la cause du BRP dans la presse de l’émigration russe entre 1928 et 1932, et qui se sentait également trompé, voulut aller jusqu’au fond de l’affaire. À la demande d’Amfiteatrov, il se rendit à Bruxelles, où il rencontra non seulement Izjumec, mais aussi Orlov, qui s’y était installé depuis 1930. Malheureusement, les intérêts de Burcev et d’Amfiteatrov ne coïncidaient pas complètement : Burcev voulait démontrer qu’Orlov n’était pas un agent provocateur et se servir de ses connaissances dans sa propre lutte contre la GPU, tandis qu’Amfiteatrov avait de la question une approche beaucoup plus morale : selon lui, Orlov, étant donné sa réputation (prouvée) de mystificateur, n’avait pas le droit d’accuser ses confrères - Liven, Sokolov-Krečetov - de quoi que ce soit49. En revanche, Amfiteatrov avait beaucoup plus d’estime pour les opinions du général Krasnov. Après la mort de Sokolov-Krečetov, Krasnov révéla que celui-ci avait souffert d’une tumeur au cerveau, ce qui aurait expliqué sa conduite imprévisible et fantaisiste50. Krasnov corrigea également l’opinion qu’il avait de Liven et d’autres chefs du BRP51.

Amfiteatrov ne parvenait plus à mettre cette nouvelle information sur papier. Il décéda en mars 1938. Sa veuve, Illarija Vladimirovna, écrivit à Burcev, que vers la fin de sa vie son mari avait été profondément déçu et qu’il regrettait de s’être affilié au Bratstvo, alors qu’il s’était toujours promis de ne pas entrer dans une organisation quelconque52. Krasnov, par contre, qui avait reçu une copie de cette lettre à Burcev, reprocha à Illarija Vladimirovna de faire une peinture beaucoup trop sombre du Bratstvo ; pour lui, l’organisation avait quand même eu des mérites53.

Avec ceci, se termina l’histoire obscure du Bratstvo Russkoj Pravdy. Dans une courte présentation, bien sûr, on ne peut pas tout exposer et il reste encore beaucoup à faire, mais je crois avoir élargi le champ de recherche - ou le champ de bataille. C’est une chose de démontrer que le Bratstvo n’a jamais été ce qu’il prétendait être ; c’en est une autre de montrer qu’il a vraiment existé dans l’esprit des émigrés et qu’il a même guidé leur conduite, et cela bien après sa disparition.

Sources non-publiées :

Bakhmeteff-Archives, Columbia University (New York) (BAR) :
- papiers V.  L. Burcev ;
- papiers A. p. Kutepov ;- papiers ROVS.

Lilly Library, Indiana University (Bloomington) (IU) :
- papiers A. V. Amfiteatrov.

School of Slavonic and East European Studies (Londres) (SSEES) :
- collection A. V. Amfiteatrov.

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Russkaja voennaja ėmigracija 20h-40h godov. Dokumenty i materialy (L’émigration militaire russe des années 1920-1940. Textes et documents), Moscou, Geja, 1998.

Russkie pisateli 1800-1917. Biografičeskij slovar’ (Les écrivains russes, 1800-1917 : dictionnaire biographique), Moscou, Bol’šaja Rossijskaja Ėnciklopedija (à paraître).

Spiridenko Ju. p. , V. F. Eršov, Belyj terror ? Političeskij ėkstremizm rossijksoj ėmigracii v 1920-1945 gg., (La terreur blanche ? L’extrémisme politique de l’émigration russe, 1920-1945), Moscou, M. G. U. Servisa, 2000.

Zubarev D. I., « “Krasnaja čuma” i belyj terrorizm (1918-1940) » (« La peste rouge et le terrorisme blanc [1918-1940] »), [http://www.memo.ru/history/terror/zubarew.htm], visité le 10 août 2005.

 

Notes

1 O. V. Budnickij, « Terrorizm glazami istorika. Ideologija terrorizma » (« Le terrorisme vu par l’historien. Idéologie du terrorisme »), [http://www.logic.ru/Russian/vf/Papers2004/Budnitskii_52004.htm], visité le 10 août 2005 ; voir également D. I. Zubarev, « “Krasnaja čuma” i belyj terrorizm (1918-1940) » (« La peste rouge et le terrorisme blanc [1918-1940] »), [http://www.memo.ru/history/terror/zubarew.htm], visité le 10 août 2005.
2 Sur l’histoire de l’émigration militaire russe, voir Rossija v izgnanii. Sud’by rossijskih ėmigrantov za rubežom (La Russie en exil. Destins d’émigrés russes à l’étranger), Moscou, IVI RAN, 1999, p. 68-262 ; et surtout p. Robinson, The White Russian Army in Exile 1920-1941, Oxford, Clarendon Press, 2002.
3 Du point de vue soviétique, par contre, c’étaient bien les émigrés qui recouraient au terrorisme. Voir notamment le livre récent et très tendancieux de J. p. Spiridenko et V. F. Eršov, Belyj terror ? Političeskij ėkstremizm rossijksoj ėmigracii v 1920-1945 gg. (La terreur blanche ? L’extrémisme politique de l’émigration russe, 1920-1945), Moscou, M. G. U. Servisa, 2000. Pour une version plus « neutre », voir la série (inachevée) de documents publiés par le Service de sécurité de la Fédération (Federativnaja Služba Bezopasnosti, FSB) et le ministère de la Défense dans Russkaja voennaja ėmigracija 20h-40h godov (L’émigration militaire russe des années 1920-1940), Moscou, Geja, 1998.
4 p. Robinson, op. cit., p. 131-148. À ce propos, voir également la correspondance entre les généraux Kutepov, Vrangel’ et Šatilov sur la question à qui s’associer dans la lutte antibolcheviste (BAR, papiers A. p. Kutepov, boîte 2).
5 Pour la version la plus récente de cette histoire, y compris toute la bibliographie à ce sujet, voir L. Flejšman, V tiskah provokacii. Operacija « Trest » i russkaja zarubežnaja pečat’ (Pris dans l’étau de la provocation. L’opération « Trust » et la presse russe hors frontières), Moscou, Novoe Literaturnoe Obozrenie, 2003.
6 L. Flejšman, op.cit., p. 233-234 et 277-281 ; voir également O. V. Budnickij, « Bratstvo Russkoj pravdy - poslednij literaturnyj proekt S. A. Sokolova-Krečetova » (« La Confrérie de la Vérité russe : le dernier projet littéraire de S. A. Sokolov-Krétchétov »), Novoe literaturnoe obozrenie (Nouveau panorama littéraire), n° 64, 2003, p. 114-143, qui donne [une version de] l’histoire du BRP jusqu’en 1932. Voir également Izdatel’stva i izdatel’skie organizacii russkoj emigracii, 1917-2003 gg. Enciklopedičeskij spravočnik, (Éditions et sociétés éditoriales de l’émigration russe, 1917-2003, Annuaire encyclopédique), Saint-Pétersbourg, Forma T, 2005, p. 25-34.
7 On sait peu de choses d’Orlov, si ce n’est quelques courtes références : Ė. Garetto, A. I Dobkin, D. I. Zubarev, « Amfiteatrov i Savinkov : perepiska 1923-1924 » (« Amfiteatrov et Savinkov : correspondance 1923-1924 »), Minuvšee. Istoričeskij al’manach (Passé révolu. Almanach historique), n° 13, 1993, p. 152-153 ; C. Mick, « Grauzonen der russischen Emigration : Von Rußlandexperten und Dokumentenfälschern », in K. Schlögel (éd.), Russische Emigration in Deutschland 1918 bis 1941. Leben im europäischen Bürgerkrieg, Berlin, Akademie-Verlag, 1995, p. 169-174 ; A. Dienko, Razvedka i kontrrazvedka v licah. Ėnciklopedičeskij slovar’ rossijskih specslužb (Les hommes du renseignement et de la déception. Dictionnaire encyclopédique des services spéciaux russes), Moscou, Russkij Mir, 2002, p. 368 ; W. Coudenys, Leven voor de tsaar. Russische ballingen, samenzweerders en collaborateurs in België (La vie pour le tsar. Exilés, conspirateurs et collaborateurs russes en Belgique), Louvain, Davidsfonds, 2004, p. 177-178 ; [V.G. Orlov], « Kratkaja istorija BRP » (« Une brève histoire du BRP »), (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 15, correspondance BRP).
8 BAR, ROVS, boîte 10, correspondance entre Orlov, Kutepov et Potockij ; boîte 160, Meždunarodnoe soglašenie protiv III-go Internacionala 1924-1925 (Accord international contre la IIIe Internationale 1924-1925).
9 Russkie pisateli 1800-1917. Biografičeskij slovar’ (Les écrivains russes, 1800-1917 : dictionnaire biographique), Moscou, Bol’šaja Rossijskaja Ėnciklopedija,1992, t. 3, p. 149-151. Izdatel’stva i izdatel’skie organizacii russkoj emigracii, 1917-2003 gg. Enciklopedičeskij spravočnik, op.cit., p. 125-126.
10 O. V. Budnickij, art. cité, p. 114-124.
11 Ibid, p. 125-129 et 139-141.
12 Sur l’idéologie du Bratstvo, voir également D. Beaune, L’enlèvement du général Koutiepoff. Documents et commentaires, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1998, p. 50-70 ; et la correspondance entre Amfiteatrov et Sokolov-Krečetov (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; par exemple, la lettre du 22 août 1927, dans laquelle Sokolov-Krečetov essaie de donner une explication « rationnelle » pour l’antisémitisme du BRp. 
13 O. V. Budnickij, art. cité, p. 124, 129 ; voir, par exemple, l’article de V.  L. Burcev, « Moj otvet S. p. Mel’gunovu » (« Ma réponse à S. p. Melgounov »), Obščee delo (Cause commune), n° 2, 10 novembre 1928, p. 2-3 ; les lettres de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 2 janvier 1928 et du 10 janvier 1928 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) et celles de Burcev à Amfiteatrov du 27 décembre 1927 et du 25 janvier 1928 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 2, dossier V.  L. Burcev 3).
14 O. Budnickij, art. cité, p. 129-130 ; voir également L. Flejšman, op. cit., p. 277-284 et mon article « Stena plača i stena nerušimaja : A. V. Amfiteatrov’s attempt to restore the fighting spirit among russian émigrés in the early 1930s », in W. Coudenys, S. Garzohio, F. Polsakov (éd.), Isolation, Interaction, Interpretation. Russian culture in European Exile, Vienne, Peter Lang,  (à paraître).
15 Lettres de V. G. Orlov à A. N. [Tol’] du 11 février 1927 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 15, dossier Correspondance du BRP) ; lettre de Liven à Amfiteatrov du 30 août 1936 (idem, boîte 4, dossier A. p. Liven).
16 O. Budnickij, art. cité, p. 141-143.
17 Ibid.
18 L. Flejšman, op. cit.
19 A. V. Amfiteatrov, « Listki » (« Feuillets »), Vozroždenie (La Renaissance), 9 septembre 1927, 8 novembre 1927, 12 décembre 1927 ; Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 22 août 1927 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; il est remarquable, que dans une récente publication d’écrits autobiographiques d’Amfiteatrov, le BRP n’est mentionné que dans une note (A. V. Amfiteatrov, Žizn’ čeloveka, neudobnogo dlja sebja i dlja mnogih [Vie d’un homme gênant pour lui-même comme pour les autres] Moscou, Novoe Literaturnoe Obozrenie, 2004, t. 2, p. 511).
20 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 23 janvier 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
21 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 5 novembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
22 Par exemple, la lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 1er juin 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
23 Lettres de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 23 septembre 1932 et du 12 octobre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
24 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 11 juillet 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
25 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 20 novembre 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; voir également la lettre circulaire du BRP, à propos de la position de Sokolov-Krečetov à Berlin et dans le BRP en général, du 25 avril 1934 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 15, dossier Correspondance du BRP à différentes personnes).
26 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 16 juin 1931 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; voir mon article « Stena plača... », op. cit.
27 Lettre de Balašov à Amfiteatrov du 20 octobre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
28 Lettre de Balašov à Amfiteatrov du 21 novembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
29 Lettre de Balašov à Amfiteatrov du 19 décembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
30 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 21 novembre 1932 et du 12 août 1934 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
31 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 21 novembre 1932, du 12 août 1934 et du 3 juillet 1935 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
32 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 22 décembre 1932, du 18 janvier 1933, du 11 avril 1933 et 11 mai 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
33 Par exemple, la lettre de Balašov à Amfiteatrov du 28 décembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
34 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 28 mai 1932 et du 21 novembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
35 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 15 novembre 1932 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
36 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 2 janvier 1933 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
37 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 17 septembre 1933 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936) :
«Нет, ушел я из Братства после продолжительной борьбы с верхами по самым существенным вопросам - активности. Дело в том, что активная работа постепенно начинала замирать, обращаться на пустяки, на расклейку флажков, да маленьких листовок, а о настоящем терроре было позабыто. Кто был посильнее, был выбит, осталась мелкая ни на что неспособная слизь, заграничный центр стал думать только о себе и ни на что решительное не шел. Я поставил ряд ультимативных требований - они не были выполнены. Потом ко мне приехало лицо с фронта с отличными рекомендациями из центра. В продолжение почти двух часов он мне рассказывал об их работе и я чувствовал, что он врет. Мне было совестно и я смолчал. Я проверил его слова - оказалось вранье... При таких условиях у меня пропала вера в работу Братьев, а без этой веры не было смысла оставаться дольше в Братстве. Вот причина моего ухода. История с Кольбергом - это был только повод к уходу без скандала [...].»
38 Lettres de Krasnov à Amfiteatrov du 13 avril 1934 et du 20 juillet 1935 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
39 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 12 février 1937 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936) ; lettres de Balašov à Amfiteatrov du 29 juillet 1936 et 29 juillet 1936 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2) ; voir également la lettre d’Amfiteatrov à G. N. Mazarakij du 18 décembre 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 1, dossier G. N. Mazarakij).
40 Lettre de Liven à Amfiteatrov du 26 octobre 1935 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. p. Liven).
41 Lettre de Liven à Amfiteatrov du 19 décembre 1935 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. p. Liven) :
«Все светлое, честное, чистое продолжает с успехом бороться « там » в далекой России. В тылу же, за границей, идет темная подлая работа, которая, когда придет время, и нужный час, будет мною документально и с позором разоблачена.»
42 Lettres de Liven à Amfiteatrov du 19 décembre 1935, du 17 janvier 1936, du 4 février 1936 et du 4 avril 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. p. Liven).
43 A. V. Amfiteatrov, « Trest » (« Le Trust »), Vozroždenie, 18 mars 1936, 15 avril 1936 et 18 avril 1936.
44 Lettre de Liven à Amfiteatrov du 6 mai 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. P. Liven).
45 A. V. Amfiteatrov, « Orden Iudy Predatelja », Vozroždenie, 1er, 8 et 22 août 1936 ; 5, 12, et 19 septembre 1936 ; 31 octobre 1936 ; 7, 14 et 21 novembre 1936.
46 Notamment dans l’article du 19 septembre 1936.
47 Dans sa lettre du 18 décembre 1936 à G. N. Mazarakij, par exemple, Amfiteatrov exprimait son estime pour Sokolov-Krečetov (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 1, dossier G. N. Mazarakij).
48 A. V. Amfiteatrov, « Rycar’ duha. Svetloj pamjati kn. A. p.  Livena » (« Le chevalier de l’esprit. À la mémoire du prince A. p. Liven »), Vozroždenie, 11 avril 1937.
49 Lettres d’Amfiteatrov à Burcev de 1937 (brouillon, non datée) et du 6 octobre 1937 ; lettre de Burcev à Amfiteatrov du 26 mai 1937 (IU, papiers Amfiteatrov, boîte 2, dossier V.  L. Burcev, correspondance 1932-1939).
50 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 1er décembre 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
51 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 15 avril 1937 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1937-1940).
52 Lettre de Amfiteatrova à Burcev du 26 août 1938 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 2, dossier V.  L. Burcev, 6 : correspondance 1932-1939).
53 Lettre de Krasnov à Amfiteatrova du 2 septembre 1938 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1937-1940).

 

Pour citer cet article : Wim Coudenys, « Activisme politique et militaire dans l’émigration russe : réalité ou sujet littéraire ? À propos du « Bratstvo Russkoj Pravdy » après sa disparition », colloque Les Premières Rencontres de l’Institut européen Est-Ouest, Lyon, ENS LSH, 2-4 décembre 2004,

 

Mots-clés : Bratstvo Russkoj Pravdy, terrorisme, émigration russe, anticommunisme

 

Ces dernières années, on a tendance à associer le terrorisme uniquement avec l’extrémisme religieux musulman. On oublie trop facilement que la haine de la culture occidentale et le désir de la détruire par tous les moyens ont déjà une longue histoire, et pas exclusivement chez les non-chrétiens. La Russie, notamment, peut se prévaloir d’une tradition terroriste remarquable, tant dans sa population opprimée et révoltée qu’au niveau des pouvoirs publics. En fait, c’étaient justement l’Empire russe et l’Union soviétique qui appliquaient les méthodes terroristes, développées auparavant par la narodnaja volja (« volonté du peuple ») puis les socialistes-révolutionnaires, pour combattre leurs ennemis à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Bien que dans ce genre d’activités la notion d’« ennemi » soit toujours floue, c’est surtout lors des « temps des troubles », notamment pendant la guerre civile russe et sa longue après-guerre, que le décalage entre la violence vécue et sa justification idéologique a atteint son paroxysme1. Au moment où les parties combattantes se positionnaient dans les angles opposés du champ de bataille idéologique, les moyens appliqués pour combattre l’adversaire ne correspondaient guère à la « pureté politique » prétendue. Surtout, l’émigration russe militaire se trouvait dans une position impossible : en tant qu’héritier et partisan de l’ordre impérial russe, elle devrait nécessairement propager la restauration de l’Empire tsariste et la libération du pays par des moyens légitimes, c’est-à-dire par une armée russe régulière2. En aucun cas, elle ne pouvait justifier le recours à la violence irrégulière, qu’elle attribuait d’habitude exclusivement aux bolcheviks3. Malheureusement, l’état-major de l’armée impériale russe en exil ne disposait pas de contingents suffisants pour battre l’Armée rouge et ne pouvait pas compter sur l’aide militaire ou financière des Alliés. Alors, au moment où l’Armée blanche était dissoute et remplacée par une association des anciens combattants (l’Union générale militaire russe ou Russkij Obšče-Voinskij Sojuz), ses dirigeants et avant tout le général Aleksandr Pavlovič Kutepov (1882-1930) cherchaient à s’associer à des organisations prêtes à combattre les bolchevistes par « tous les moyens »4. Une telle association, non approuvée, bien sûr, par un conseil d’administration quelconque, ni même soutenue par la plupart des généraux blancs, poussait Kutepov et ses amis dans l’illégalité et les livrait aux caprices des services de renseignements et de tout individu ou groupement prétendant mener une lutte anticommuniste. C’était notamment le cas avec le fameux réseau « Trust », une organisation monarchiste à l’intérieur de l’Union soviétique, dont les militaires blancs espéraient qu’elle pourrait faire éclater le régime soviétique. En réalité, le Trust n’était qu’un piège, tendu par la GPU (Gosudarstvennoe političeskoe upravlenie, Direction politique d’État) pour discréditer l’émigration russe. En effet, quand le Trust fut démasqué, en 1927, un grand nombre d’émigrés retira sa confiance aux généraux blancs qui s’étaient laissés entraînés si facilement dans une aventure invraisemblable5.

L’affaire du Trust encourageait d’autres organisations dites « activistes » à se profiler au dépens des militaires blancs discrédités. Ce fut tout d’abord un groupement strictement conspirateur, le Bratstvo Russkoj Pravdy (Confrérie de la Vérité russe), qui s’efforçait de remplir le vide laissé par le Trust6. L’idée de la Confrérie elle-même prenait son origine dans la revue marginale Russkaja Pravda (La Vérité russe) (1922-1933), qui voulait inciter la population russe à se dresser contre ses oppresseurs bolcheviks. Il est peu probable que la Russkaja Pravda aurait jamais touché son public ni atteint son but, mais Vladimir Grigor’evič Orlov (1882-1941), l’instigateur probable du projet7, avait réussi à convaincre du contraire les militaires avec lesquels il collaborait8. Le rédacteur en chef et seul contributeur de la Russkaja Pravda était Sergej Alekseevič Sokolov-Krečetov (1878-1936), qui, après avoir naguère publié de la poésie symboliste (dont les Stihi o prekrasnoj dame [Vers sur la belle dame] d’Aleksandr Blok) dirigeait désormais la maison d’édition Mednyj Vsadnik à Berlin9. Pour le style et la teneur de Russkaja Pravda, Sokolov-Krečetov avait eu recours à son expérience dans Osvag (Osvedomitel’noe agenstvo, Service d’information), le service de propagande des forces russes blanches pendant la guerre civile. Vers 1925, la publication de Russkaja Pravda devint plus régulière, grâce à l’aide financière du duc Georg von Leuchtenberg (Georgij Lejhtenbergskij, 1873-1929), un parent de Nicolas II qui s’était installé en Bavière. Par contre, comme la Russkaja Pravda était destinée à l’Union soviétique, où elle n’avait aucune chance de générer un revenu quelconque, il fallait trouver de nouvelles sources de financement. Dans ce but, Sokolov-Krečetov créa le Bratstvo Russkoj Pravdy. Bien que la Confrérie ait été conçue en premier lieu pour faire ouvrir aux émigrés tout grand leur bourse et ne se mêlât pas officiellement de la lutte contre les bolcheviks à l’intérieur de l’Union soviétique, la discrétion qu’elle affichait suggérait tout autre chose. Tout d’abord, les membres de la Confrérie n’étaient connus que par un numéro et la composition du verhovnyj krug (« cercle suprême ») était un secret bien gardé. Deuxièmement, la Confrérie revendiquait chaque « attaque terroriste » contre les bolcheviks. Le seul problème, bien évidemment, était l’absence de sources indépendantes pouvant confirmer une telle assertion. Le décès inattendu d’un dirigeant soviétique ou même une catastrophe majeure dont la presse occidentale avait pris connaissance étaient immédiatement attribués aux partisans du Bratstvo Russkoj Pravdy. Même les attentats contre des représentants soviétiques à l’étranger, insinuait-on, étaient liés, d’une manière ou autre, à la Confrérie. Finalement, à partir de 1926, le Bratstvo se vantait de sa collaboration avec Zelënyj Dub (Le chêne vert), un prétendu réseau de partisans dans l’Ouest de la Russie et en Biélorussie. Les mémoires du chef de Zelënyj Dub, l’ataman Dergač, parurent dans la Russkaja Pravda, et pendant l’été de 1927, le quotidien parisien conservateur Vozroždenie (La Renaissance) commença à publier les aventures d’un associé de Dergač, l’ataman Krečet. Les lecteurs de Vozroždenie étaient tellement captivés par l’histoire de Krečet, que personne ne se demandait si les récits de Krečet n’étaient pas, par hasard dus à la plume de Sokolov-Krečetov. Quoi qu’il en soit, après les scandales qui avaient secoué l’émigration russe dans la seconde moitié des années 1920, le Bratstvo Russkoj Pravdy donnait l’air d’être un adversaire sérieux des Soviétiques10. Le chef des anciens combattants russes, le général Petr Nikolaevič Vrangel’ (1878-1928), bien instruit par Sokolov-Krečetov, déclara qu’il n’y avait rien à craindre de la Confrérie ; Sergej Nikolaevič Paleolog (1877-1933), le représentant des émigrés russes auprès du gouvernement yougoslave, mit sa collecte au profit du grand-duc Nikolaj Nikolaevič (Fond Spasenija Rossii, Fonds pour le salut de la Russie) à la disposition du Bratstvo et le métropolite Antonij Chrapovickij (1863-1936), chef de l’Église orthodoxe russe monarchiste, dite « hors frontières », donna sa bénédiction à la Confrérie. Grâce à sa générosité financière, Anastas Andreevič Vonsjackij (1898-1965), le président de la Vseobščaja fašistskaja organizacija (Organisation fasciste panrusse), prenait la tête de la section américaine11. Dans toute l’Europe, aux États-Unis et en Asie, des émigrés russes prêtaient serment à la Confrérie, pendant que les dirigeants de leurs mouvements s’exprimaient favorablement à son sujet. L’appui des émigrés au Bratstvo, qui d’ailleurs ne cachait pas ses convictions antisémites12, n’était pas restreint aux antibolcheviks d’extrême droite. Sokolov-Krečetov avait même réussi à gagner des représentants de gauche à sa cause. Le plus précieux converti était sans doute Vladimir L’vovič Burcev (1862-1942), un socialiste-révolutionnaire célébré pour le zèle avec lequel il poursuivait les agents provocateurs soviétiques et autres espions13. Malheureusement, plus le Bratstvo faisait de la publicité - chose bien étrange pour une société secrète - plus il y avait des rumeurs selon lesquelles il n’était qu’un coup monté par la GPU, une organisation d’extrême droite ou même un « complot judéo-maçonnique ». La presse, surtout Vozroždenie, dont Sokolov-Krečetov espérait le soutien, se faisait de plus en plus réservée ; les pamphlets et les livres consacrés au Bratstvo, dont Belaja Svitka (Le surtout blanc) de Petr Nikolaevič Krasnov (1869-1947) et Stena plača i stena nerušimaja (Le mur des lamentations et le mur indestructible) d’Aleksandr Valentinovič Amfiteatrov (1862-1938), n’étaient distribués que parmi les membres de la Confrérie ou furent publiés à un moment inopportun (notamment en janvier 1930, au moment de l’enlèvement du général Kutepov par la GPU)14. Pendant plusieurs années, les rumeurs autour de la Confrérie furent attribués soit aux confrères souffrant du « politiquement correct », soit aux membres renvoyés de la Confrérie, dont Orlov, l’initiateur du groupement. Enfin, à l’été 1932, il devint de plus en plus difficile de nier ou même de minimaliser les querelles au sein du Bratstvo. La lutte entre différentes factions sur la politique à suivre et sur la question de savoir qui aurait le plus de chances auprès des éventuels bailleurs de fonds, s’acheva par la dénonciation de Aleksandr Nikolaevič Kol’berg, le secrétaire de Sokolov-Krečetov15, comme agent provocateur à la solde des Soviétiques. Bien qu’aucun élément à charge contre Kol’berg n’ait surgi, Sokolov-Krečetov fut contraint (notamment sous la pression de la section parisienne du BRP) de démissionner dès le 1er novembre 1932. D’autres membres importants dont Vonsjackij et Krasnov démissionnèrent également. Le successeur de Sokolov-Krečetov, Anatolij Pavlovič Liven (1872-1937), trop âgé et trop isolé (il vivait en Lettonie), manquait d’autorité et de caractère pour vraiment peser sur les confrères qui se disputaient à Berlin et à Paris. Après 1932, le Bratstvo Russkoj Pravdy disparaît dans les ténèbres16, ce qui explique pourquoi les chercheurs ont prétendu qu’après cette date le Bratstvo n’existait plus, ou bien qu’il ne méritait plus l’attention. Oleg Budnickij, par exemple, dans un article récent, voit dans le Bratstvo un projet littéraire de Sokolov-Krečetov qui perd toute valeur lors de la disparition de l’auteur17. Lazar Flejšman considérait l’histoire du BRP plutôt comme une conséquence de l’affaire du Trust, ou une variation sur un même thème18.

En fait, ces deux approches témoignent d’une certaine résignation au sujet du Bratstvo. D’une part, en réduisant la Confrérie à un projet littéraire et donc fictif, on nie la réalité qu’elle représentait pour un grand nombre d’émigrés. Pour ceux qui avaient prêté serment au Bratstvo ou y avaient investi du temps, de l’argent et même des moyens intellectuels, son histoire ne s’arrêta pas en 1932. D’autre part, les sources étant rares, on conclut trop rapidement que la Confrérie avait effectivement disparu en 1932. En réalité, le Bratstvo éclata en différentes factions, qui ont toutes donné leur propre version des faits, ce qui ne facilite pas une meilleure compréhension de l’histoire. Pour combler cette lacune, je me suis fondé sur les archives de l’écrivain Aleksandr Amfiteatrov, qui, dès 1927, s’efforça de plaider la cause du BRP dans la presse de l’émigration russe19. Même après les événements de 1932, il continua à s’intéresser au Bratstvo, en collectionnant les témoignages, commentaires et critiques des protagonistes. Bien qu’Amfiteatrov lui-même ait eu beaucoup de mal à s’orienter dans ce flot d’information et de désinformation, il est possible de reconstruire l’histoire du BRP « après sa disparition » en suivant les différents fils conducteurs de la correspondance de l’écrivain.

Tout d’abord, c’était Sokolov-Krečetov qui tenait Amfiteatrov au courant des évolutions au sein du BRp. Bien que démissionnaire, il continuait en effet à suivre les événements de près. Dans sa correspondance avec Amfiteatrov, l’ancien numéro un du mouvement avouait qu’il avait commis des erreurs : en effet, la Russkaja Pravda avait été composée presque entièrement par lui-même20 ; de plus, il avait méconnu Kol’berg et sous-estimé son influence21 ; enfin, les insinuations contre Sokolov-Krečetov, lancées par Orlov, le fondateur du BRP et lui-même maître dans l’art de la mystification, s’étaient enracinées plus profondément que prévu22. Sokolov-Krečetov voyait aussi d’un mauvais œil l’inertie qui régnait au sein du Bratstvo après son départ. Il déplorait que sa proposition de réorganiser le BRP - le scinder en deux sections, une de propagande et une d’action - soit rejetée par les nouveaux dirigeants23 ; par ailleurs, il était évident que les jeunes Turcs de Paris qui s’étaient révoltés contre Sokolov-Krečetov et son entourage berlinois en automne 1932, n’étaient pas de taille à résoudre les problèmes du BRp. Aussi, en mai 1933, Liven aurait demandé à Sokolov-Krečetov de rentrer dans le Bratstvo = et prendre la tête d’un nouveau « comité exécutif », situé à Berlin, tout en dissolvant la section parisienne. Cette décision était apparemment inspirée par la nouvelle situation internationale, dans laquelle l’Allemagne nazie semblait prête à promouvoir l’anticommunisme alors que la France se rapprochait trop de l’Union soviétique. mais à peine deux mois plus tard selon Sokolov-Krečetov, Liven, indécis comme toujours, changea d’avis. Dès lors, Sokolov-Krečetov rangea Liven dans le même camps que les Parisiens, avec leur hardiesse de jeunesse, et les Américains, abusés par un fasciste têtu (Vonsjackij)24. Il assurait en revanche Amfiteatrov qu’il avait l’appui des sections à Danzig, en Allemagne, Estonie, Lettonie, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie, Égypte, Grèce, au Proche-Orient, en Extrême-Orient et même celui de certains groupes français et américains. En fait, il prétendait qu’il était victime d’un complot gigantesque, fomenté par Orlov et exécuté par ses complices, dont un certain « Izjumec » à Bruxelles25.

Ce nom conduit sur une tout autre piste. Izjumec était le nom de plume d’Andrej Vladimirovič Balašov (1889-1969), un auteur de poèmes patriotiques qui s’était installé en Belgique en 1925 et y dirigeait une maison d’édition illégale, spécialisée en pamphlets subversifs destinés à l’Union soviétique. L’ironie du sort voudrait que Sokolov-Krečetov ait mis Amfiteatrov en contact avec Balašov, qui, ensuite, en 1931, publia Stena plača i stena nerušimaja, un roman d’Amfiteatrov consacré au Bratstvo26. Évidemment, Izjumec donna à Amfiteatrov une toute autre version des faits que Sokolov-Krečetov. Il écrivit qu’il avait rompu avec ce dernier dès mai 1932, avant que l’affaire Kol’berg éclate27. Il nia toute collusion avec les Parisiens ; il avait néanmoins entamé des pourparlers avec eux pour discuter la publication future de Russkaja Pravda, indépendamment de Sokolov-Krečetov28. Ces pourparlers furent arrêté au moment où le général Dmitrij Nikolaevič Potockij (1880-1949), le maître à penser des Parisiens « révoltés », annonça son intention de négocier le sort de la Russie avec les Ukrainiens29. Izjumec, comme tout son entourage bruxellois, était non seulement un patriote russe convaincu opposé aux revendications ukrainiennes, mais aussi un monarchiste acharné, pour lequel l’identification de « russe » avec « orthodoxe » était évidente. Balašov déplorait moins l’inertie de Liven, le nouveau « numéro un », que le fait que Liven et son secrétaire fussent des luthériens !30 Pour cette même raison Balašov s’était opposé au franc-maçon Sokolov-Krečetov (par une ironie du sort, son correspondant Amfiteatrov l’était aussi !)31. Cependant, Balašov avait emprunté tout son style de conduite à Sokolov-Krečetov : il relança la légende des réseaux terroristes en Russie soviétique, inventée par Sokolov-Krečetov32 ; il conjura Amfiteatrov de maintenir le secret autour du BRP, de ne parler de la Confrérie qu’avec lui et de ne dévoiler son nom à personne33. En fait Balašov espérait qu’Amfiteatrov l’introduirait dans les milieux littéraires et journalistiques, afin d’étendre sa réputation et d’augmenter son autorité au sein du BRp. Il escomptait surtout un rapprochement avec le général Krasnov, qu’il considérait comme un coreligionnaire34.

Lors de l’affaire Kol’berg en automne 1932, le général Krasnov avait démissionné du BRp. En quittant formellement la Confrérie, le général-écrivain avait en fait confirmé un secret de polichinelle : il était l’un des dirigeants de l’organisation. Comme Sokolov-Krečetov ou Balašov, lui aussi se sentait obligé de justifier sa décision devant Amfiteatrov. Dans sa lettre du 15 novembre 1932, Krasnov déclara qu’il s’était toujours bien entendu avec Sokolov-Krečetov, jusqu’au moment où celui-ci avait décidé de transformer la société secrète qu’était le Bratstvo en une organisation publique, ou du moins en une structure beaucoup plus ouverte qu’auparavant. Il craignait surtout que le BRP soit touché par les querelles qui semblaient le passe-temps préféré des émigrés. De plus, Krasnov était irrité que Sokolov-Krečetov ait négligé tous ses avertissements à propos de Kol’berg35. Alors, après le départ de Sokolov-Krečetov et le fractionnement de l’organisation, Krasnov ne voyait, ni ne connaissait plus personne en qui il pourrait avoir confiance au sein du BRp. Selon lui, Balašov, par exemple, était sans doute un homme honnête et idéaliste, mais il manquait d’envergure pour prendre les choses en main. Lorsque il lui fut demandé s’il serait prêt à diriger le Bratstvo, Krasnov répondit que, l’organisation étant devenue un vaste conglomérat d’individus et de groupuscules, il lui manquerait le temps, les moyens et surtout l’envie de conduire une telle entreprise36. Cependant, neuf mois plus tard, il avait changé d’avis : l’affaire Kol’berg n’aurait été qu’un prétexte pour quitter l’organisation, dans laquelle, en réalité, il avait perdu toute foi :

J’ai quitté la Confrérie au terme d’un long combat avec sa hiérarchie sur des questions essentielles. Le travail de militant s’étiolait peu à peu pour se muer en broutilles : on collait des petits drapeaux et des tracts, mais l’on avait oublié la véritable activité terroriste. Les personnalités les plus fortes avaient été chassées de l’organisation, il ne restait qu’une lie médiocre et incapable, le centre de l’étranger ne pensait plus qu’à lui-même et n’entreprenait aucune action décisive. Je posai plusieurs ultimatums qui demeurèrent sans suite. Puis je reçus la visite de quelqu’un du front chaudement recommandé par le centre. Il me parla de leur travail quelque deux heures durant, et je sentais bien qu’il mentait. J’avais honte et je ne répondis rien. Je vérifiai ses dires, ce n’était que du vent. Dans ces conditions, je perdis toute confiance dans le travail des Frères ; rester plus longtemps au sein de la Confrérie n’avait alors plus aucun sens. C’est pourquoi je l’ai quittée. L’épisode Kolberg ne fut qu’un prétexte pour partir sans faire de scandale [...].37

Malgré ses affirmations, Krasnov n’avait pas rompu tous ses liens avec le Bratstvo. Au milieu des années 1930, profitant de son autonomie locale, la section du BRP en Extrême-Orient s’était proclamée comme la seule qui combattait activement les bolcheviks. Déçu par le comportement indécis des Russes émigrés en Europe, Krasnov mettait tout son espoir dans l’Extrême-Orient et croyait qu’à l’insu des Européens, on pourrait y recréer le vrai Bratstvo, secret et terroriste38. En réalité, les promesses des Frères en Extrême-Orient étaient aussi futiles que celles faites par le Bratstvo original avant. Il n’y avait toujours aucun moyen de vérifier leurs dires ; les protagonistes, dont Krasnov, Izjumec et Sokolov-Krečetov, enchantés par les perspectives en Chine, n’arrivaient toujours pas à adopter un point de vue commun ; finalement, en 1936, la section d’Extrême-Orient subit le même sort que l’organisation européenne : elle aurait été infiltrée par la GPU, du moins, c’est ce que l’on prétendait39.

Le prince Liven, le Frère numéro un, sollicita lui aussi l’aide d’Amfiteatrov. Vivant quasiment complètement isolé en Lettonie et accusé par presque tout le monde de manquer d’énergie, il se hâta d’expliquer sa position. En octobre 1935, il justifia son « invisibilité » par le fait qu’il s’occupait exclusivement des activités à l’intérieur de l’Union soviétique et ne voulait pas se laisser entraîner par les disputes dans l’émigration40. Deux mois plus tard, il promit à Amfiteatrov de lui fournir de nouvelles informations sur ses projets, à condition qu’il les garde pour lui-même. Selon Liven :

Tout ce qu’il y a de lumineux, d’honnête et de pur continue de lutter avec succès « là-bas », dans la lointaine Russie. En revanche à l’arrière, à l’étranger, on mène une action sombre et vile dont je percerai l’infamie à jour, documents à l’appui, au moment opportun, lorsqu’en sera venu le temps.41

Liven, qui était atteint par une maladie incurable, mais souffrait également de manie de la persécution, écrit aussi que Sokolov-Krečetov, qui s’était rétabli, en 1935, aux dépens de Liven, aurait été un agent de la Gestapo, que son appartenance à la franc-maçonnerie lui aurait coûté cher en Allemagne et qu’il se serait réfugié en France, pour s’y joindre au « libéral » Miljukov et à ses amis, les Soviétiques. Izjumec, un associé de Sokolov-Krečetov, n’aurait guère valu mieux. Cependant, Liven n’était pas pessimiste au point de ne pas proposer à Amfiteatrov de collaborer au « nouveau » futur Bratstvo. Il lui envoya des documents à utiliser dans la presse, dont sa version de l’affaire Trust42.

Amfiteatrov se jeta sur cette opportunité. Écrivain et journaliste vivant de sa plume, il comprit qu’un sujet comme le Trust était de nature à faire monter la vente des journaux et donc, à augmenter ses revenus. Au cours de mars et avril 1936, en effet, Vozroždenie commença la publication d’une série d’articles d’Amfiteatrov sur le Trust43. Liven très satisfait des réactions des lecteurs, insistait néanmoins pour qu’Amfiteatrov ne dévoile pas ses sources, susceptibles d’être attribuées au Bratstvo44. De même, Liven lui procura des documents pour une série d’articles, consacrés aux « traîtres » dans l’émigration russe. Cette série, intitulée « Orden Iudy Predatelja » (« Ordre de Judas le Traître »), parut dans Vozroždenie entre août et novembre 193645 ; elle traitait, entre autres, des activités de Orlov, le fondateur de la Confrérie qui s’était ensuite retourné contre elle et que Sokolov-Krečetov et Liven accusaient d’être responsable du déclin de l’organisation46. Amfiteatrov avait sans doute décidé d’écrire « Orden Iudy Predatelja » en hommage à Sokolov-Krečetov, qui était décédé en mai 193647, et de Liven, qu’il croyait gravement malade et même paralysé. Ce n’est qu’après le décès de Liven en avril 193748, qu’Amfiteatrov se rendit compte de la mystification dont lui-même avait été victime. Peu à peu, à la lumière des « droits de réponse » et des lettres qu’il reçut à propos de « Orden Iudy Predatelja », Amfiteatrov commença à reconsidérer sa position. Son vieil ami à Paris, le publiciste Burcev, vint à son aide. Burcev, qui avait consenti à plaider la cause du BRP dans la presse de l’émigration russe entre 1928 et 1932, et qui se sentait également trompé, voulut aller jusqu’au fond de l’affaire. À la demande d’Amfiteatrov, il se rendit à Bruxelles, où il rencontra non seulement Izjumec, mais aussi Orlov, qui s’y était installé depuis 1930. Malheureusement, les intérêts de Burcev et d’Amfiteatrov ne coïncidaient pas complètement : Burcev voulait démontrer qu’Orlov n’était pas un agent provocateur et se servir de ses connaissances dans sa propre lutte contre la GPU, tandis qu’Amfiteatrov avait de la question une approche beaucoup plus morale : selon lui, Orlov, étant donné sa réputation (prouvée) de mystificateur, n’avait pas le droit d’accuser ses confrères - Liven, Sokolov-Krečetov - de quoi que ce soit49. En revanche, Amfiteatrov avait beaucoup plus d’estime pour les opinions du général Krasnov. Après la mort de Sokolov-Krečetov, Krasnov révéla que celui-ci avait souffert d’une tumeur au cerveau, ce qui aurait expliqué sa conduite imprévisible et fantaisiste50. Krasnov corrigea également l’opinion qu’il avait de Liven et d’autres chefs du BRP51.

Amfiteatrov ne parvenait plus à mettre cette nouvelle information sur papier. Il décéda en mars 1938. Sa veuve, Illarija Vladimirovna, écrivit à Burcev, que vers la fin de sa vie son mari avait été profondément déçu et qu’il regrettait de s’être affilié au Bratstvo, alors qu’il s’était toujours promis de ne pas entrer dans une organisation quelconque52. Krasnov, par contre, qui avait reçu une copie de cette lettre à Burcev, reprocha à Illarija Vladimirovna de faire une peinture beaucoup trop sombre du Bratstvo ; pour lui, l’organisation avait quand même eu des mérites53.

Avec ceci, se termina l’histoire obscure du Bratstvo Russkoj Pravdy. Dans une courte présentation, bien sûr, on ne peut pas tout exposer et il reste encore beaucoup à faire, mais je crois avoir élargi le champ de recherche - ou le champ de bataille. C’est une chose de démontrer que le Bratstvo n’a jamais été ce qu’il prétendait être ; c’en est une autre de montrer qu’il a vraiment existé dans l’esprit des émigrés et qu’il a même guidé leur conduite, et cela bien après sa disparition.

Sources non-publiées :

Bakhmeteff-Archives, Columbia University (New York) (BAR) :
- papiers V.  L. Burcev ;
- papiers A. p. Kutepov ;- papiers ROVS.

Lilly Library, Indiana University (Bloomington) (IU) :
- papiers A. V. Amfiteatrov.

School of Slavonic and East European Studies (Londres) (SSEES) :
- collection A. V. Amfiteatrov.

Sources publiées :

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Notes

1 O. V. Budnickij, « Terrorizm glazami istorika. Ideologija terrorizma » (« Le terrorisme vu par l’historien. Idéologie du terrorisme »), [http://www.logic.ru/Russian/vf/Papers2004/Budnitskii_52004.htm], visité le 10 août 2005 ; voir également D. I. Zubarev, « “Krasnaja čuma” i belyj terrorizm (1918-1940) » (« La peste rouge et le terrorisme blanc [1918-1940] »), [http://www.memo.ru/history/terror/zubarew.htm], visité le 10 août 2005.
2 Sur l’histoire de l’émigration militaire russe, voir Rossija v izgnanii. Sud’by rossijskih ėmigrantov za rubežom (La Russie en exil. Destins d’émigrés russes à l’étranger), Moscou, IVI RAN, 1999, p. 68-262 ; et surtout p. Robinson, The White Russian Army in Exile 1920-1941, Oxford, Clarendon Press, 2002.
3 Du point de vue soviétique, par contre, c’étaient bien les émigrés qui recouraient au terrorisme. Voir notamment le livre récent et très tendancieux de J. p. Spiridenko et V. F. Eršov, Belyj terror ? Političeskij ėkstremizm rossijksoj ėmigracii v 1920-1945 gg. (La terreur blanche ? L’extrémisme politique de l’émigration russe, 1920-1945), Moscou, M. G. U. Servisa, 2000. Pour une version plus « neutre », voir la série (inachevée) de documents publiés par le Service de sécurité de la Fédération (Federativnaja Služba Bezopasnosti, FSB) et le ministère de la Défense dans Russkaja voennaja ėmigracija 20h-40h godov (L’émigration militaire russe des années 1920-1940), Moscou, Geja, 1998.
4 p. Robinson, op. cit., p. 131-148. À ce propos, voir également la correspondance entre les généraux Kutepov, Vrangel’ et Šatilov sur la question à qui s’associer dans la lutte antibolcheviste (BAR, papiers A. p. Kutepov, boîte 2).
5 Pour la version la plus récente de cette histoire, y compris toute la bibliographie à ce sujet, voir L. Flejšman, V tiskah provokacii. Operacija « Trest » i russkaja zarubežnaja pečat’ (Pris dans l’étau de la provocation. L’opération « Trust » et la presse russe hors frontières), Moscou, Novoe Literaturnoe Obozrenie, 2003.
6 L. Flejšman, op.cit., p. 233-234 et 277-281 ; voir également O. V. Budnickij, « Bratstvo Russkoj pravdy - poslednij literaturnyj proekt S. A. Sokolova-Krečetova » (« La Confrérie de la Vérité russe : le dernier projet littéraire de S. A. Sokolov-Krétchétov »), Novoe literaturnoe obozrenie (Nouveau panorama littéraire), n° 64, 2003, p. 114-143, qui donne [une version de] l’histoire du BRP jusqu’en 1932. Voir également Izdatel’stva i izdatel’skie organizacii russkoj emigracii, 1917-2003 gg. Enciklopedičeskij spravočnik, (Éditions et sociétés éditoriales de l’émigration russe, 1917-2003, Annuaire encyclopédique), Saint-Pétersbourg, Forma T, 2005, p. 25-34.
7 On sait peu de choses d’Orlov, si ce n’est quelques courtes références : Ė. Garetto, A. I Dobkin, D. I. Zubarev, « Amfiteatrov i Savinkov : perepiska 1923-1924 » (« Amfiteatrov et Savinkov : correspondance 1923-1924 »), Minuvšee. Istoričeskij al’manach (Passé révolu. Almanach historique), n° 13, 1993, p. 152-153 ; C. Mick, « Grauzonen der russischen Emigration : Von Rußlandexperten und Dokumentenfälschern », in K. Schlögel (éd.), Russische Emigration in Deutschland 1918 bis 1941. Leben im europäischen Bürgerkrieg, Berlin, Akademie-Verlag, 1995, p. 169-174 ; A. Dienko, Razvedka i kontrrazvedka v licah. Ėnciklopedičeskij slovar’ rossijskih specslužb (Les hommes du renseignement et de la déception. Dictionnaire encyclopédique des services spéciaux russes), Moscou, Russkij Mir, 2002, p. 368 ; W. Coudenys, Leven voor de tsaar. Russische ballingen, samenzweerders en collaborateurs in België (La vie pour le tsar. Exilés, conspirateurs et collaborateurs russes en Belgique), Louvain, Davidsfonds, 2004, p. 177-178 ; [V.G. Orlov], « Kratkaja istorija BRP » (« Une brève histoire du BRP »), (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 15, correspondance BRP).
8 BAR, ROVS, boîte 10, correspondance entre Orlov, Kutepov et Potockij ; boîte 160, Meždunarodnoe soglašenie protiv III-go Internacionala 1924-1925 (Accord international contre la IIIe Internationale 1924-1925).
9 Russkie pisateli 1800-1917. Biografičeskij slovar’ (Les écrivains russes, 1800-1917 : dictionnaire biographique), Moscou, Bol’šaja Rossijskaja Ėnciklopedija,1992, t. 3, p. 149-151. Izdatel’stva i izdatel’skie organizacii russkoj emigracii, 1917-2003 gg. Enciklopedičeskij spravočnik, op.cit., p. 125-126.
10 O. V. Budnickij, art. cité, p. 114-124.
11 Ibid, p. 125-129 et 139-141.
12 Sur l’idéologie du Bratstvo, voir également D. Beaune, L’enlèvement du général Koutiepoff. Documents et commentaires, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1998, p. 50-70 ; et la correspondance entre Amfiteatrov et Sokolov-Krečetov (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; par exemple, la lettre du 22 août 1927, dans laquelle Sokolov-Krečetov essaie de donner une explication « rationnelle » pour l’antisémitisme du BRp. 
13 O. V. Budnickij, art. cité, p. 124, 129 ; voir, par exemple, l’article de V.  L. Burcev, « Moj otvet S. p. Mel’gunovu » (« Ma réponse à S. p. Melgounov »), Obščee delo (Cause commune), n° 2, 10 novembre 1928, p. 2-3 ; les lettres de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 2 janvier 1928 et du 10 janvier 1928 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) et celles de Burcev à Amfiteatrov du 27 décembre 1927 et du 25 janvier 1928 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 2, dossier V.  L. Burcev 3).
14 O. Budnickij, art. cité, p. 129-130 ; voir également L. Flejšman, op. cit., p. 277-284 et mon article « Stena plača i stena nerušimaja : A. V. Amfiteatrov’s attempt to restore the fighting spirit among russian émigrés in the early 1930s », in W. Coudenys, S. Garzohio, F. Polsakov (éd.), Isolation, Interaction, Interpretation. Russian culture in European Exile, Vienne, Peter Lang,  (à paraître).
15 Lettres de V. G. Orlov à A. N. [Tol’] du 11 février 1927 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 15, dossier Correspondance du BRP) ; lettre de Liven à Amfiteatrov du 30 août 1936 (idem, boîte 4, dossier A. p. Liven).
16 O. Budnickij, art. cité, p. 141-143.
17 Ibid.
18 L. Flejšman, op. cit.
19 A. V. Amfiteatrov, « Listki » (« Feuillets »), Vozroždenie (La Renaissance), 9 septembre 1927, 8 novembre 1927, 12 décembre 1927 ; Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 22 août 1927 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; il est remarquable, que dans une récente publication d’écrits autobiographiques d’Amfiteatrov, le BRP n’est mentionné que dans une note (A. V. Amfiteatrov, Žizn’ čeloveka, neudobnogo dlja sebja i dlja mnogih [Vie d’un homme gênant pour lui-même comme pour les autres] Moscou, Novoe Literaturnoe Obozrenie, 2004, t. 2, p. 511).
20 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 23 janvier 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
21 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 5 novembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
22 Par exemple, la lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 1er juin 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
23 Lettres de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 23 septembre 1932 et du 12 octobre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
24 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 11 juillet 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1).
25 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 20 novembre 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; voir également la lettre circulaire du BRP, à propos de la position de Sokolov-Krečetov à Berlin et dans le BRP en général, du 25 avril 1934 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 15, dossier Correspondance du BRP à différentes personnes).
26 Lettre de Sokolov-Krečetov à Amfiteatrov du 16 juin 1931 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 1) ; voir mon article « Stena plača... », op. cit.
27 Lettre de Balašov à Amfiteatrov du 20 octobre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
28 Lettre de Balašov à Amfiteatrov du 21 novembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
29 Lettre de Balašov à Amfiteatrov du 19 décembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
30 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 21 novembre 1932 et du 12 août 1934 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
31 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 21 novembre 1932, du 12 août 1934 et du 3 juillet 1935 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
32 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 22 décembre 1932, du 18 janvier 1933, du 11 avril 1933 et 11 mai 1933 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
33 Par exemple, la lettre de Balašov à Amfiteatrov du 28 décembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
34 Lettres de Balašov à Amfiteatrov du 28 mai 1932 et du 21 novembre 1932 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2).
35 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 15 novembre 1932 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
36 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 2 janvier 1933 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
37 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 17 septembre 1933 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936) :
«Нет, ушел я из Братства после продолжительной борьбы с верхами по самым существенным вопросам - активности. Дело в том, что активная работа постепенно начинала замирать, обращаться на пустяки, на расклейку флажков, да маленьких листовок, а о настоящем терроре было позабыто. Кто был посильнее, был выбит, осталась мелкая ни на что неспособная слизь, заграничный центр стал думать только о себе и ни на что решительное не шел. Я поставил ряд ультимативных требований - они не были выполнены. Потом ко мне приехало лицо с фронта с отличными рекомендациями из центра. В продолжение почти двух часов он мне рассказывал об их работе и я чувствовал, что он врет. Мне было совестно и я смолчал. Я проверил его слова - оказалось вранье... При таких условиях у меня пропала вера в работу Братьев, а без этой веры не было смысла оставаться дольше в Братстве. Вот причина моего ухода. История с Кольбергом - это был только повод к уходу без скандала [...].»
38 Lettres de Krasnov à Amfiteatrov du 13 avril 1934 et du 20 juillet 1935 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
39 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 12 février 1937 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936) ; lettres de Balašov à Amfiteatrov du 29 juillet 1936 et 29 juillet 1936 (SSEES, collection A. V. Amfiteatrov, boîte 2) ; voir également la lettre d’Amfiteatrov à G. N. Mazarakij du 18 décembre 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 1, dossier G. N. Mazarakij).
40 Lettre de Liven à Amfiteatrov du 26 octobre 1935 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. p. Liven).
41 Lettre de Liven à Amfiteatrov du 19 décembre 1935 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. p. Liven) :
«Все светлое, честное, чистое продолжает с успехом бороться « там » в далекой России. В тылу же, за границей, идет темная подлая работа, которая, когда придет время, и нужный час, будет мною документально и с позором разоблачена.»
42 Lettres de Liven à Amfiteatrov du 19 décembre 1935, du 17 janvier 1936, du 4 février 1936 et du 4 avril 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. p. Liven).
43 A. V. Amfiteatrov, « Trest » (« Le Trust »), Vozroždenie, 18 mars 1936, 15 avril 1936 et 18 avril 1936.
44 Lettre de Liven à Amfiteatrov du 6 mai 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 4, dossier A. P. Liven).
45 A. V. Amfiteatrov, « Orden Iudy Predatelja », Vozroždenie, 1er, 8 et 22 août 1936 ; 5, 12, et 19 septembre 1936 ; 31 octobre 1936 ; 7, 14 et 21 novembre 1936.
46 Notamment dans l’article du 19 septembre 1936.
47 Dans sa lettre du 18 décembre 1936 à G. N. Mazarakij, par exemple, Amfiteatrov exprimait son estime pour Sokolov-Krečetov (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 1, dossier G. N. Mazarakij).
48 A. V. Amfiteatrov, « Rycar’ duha. Svetloj pamjati kn. A. p.  Livena » (« Le chevalier de l’esprit. À la mémoire du prince A. p. Liven »), Vozroždenie, 11 avril 1937.
49 Lettres d’Amfiteatrov à Burcev de 1937 (brouillon, non datée) et du 6 octobre 1937 ; lettre de Burcev à Amfiteatrov du 26 mai 1937 (IU, papiers Amfiteatrov, boîte 2, dossier V.  L. Burcev, correspondance 1932-1939).
50 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 1er décembre 1936 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1927-1936).
51 Lettre de Krasnov à Amfiteatrov du 15 avril 1937 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 3, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1937-1940).
52 Lettre de Amfiteatrova à Burcev du 26 août 1938 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, boîte 2, dossier V.  L. Burcev, 6 : correspondance 1932-1939).
53 Lettre de Krasnov à Amfiteatrova du 2 septembre 1938 (IU, papiers A. V. Amfiteatrov, dossier p. N. Krasnov, correspondance 1937-1940).

 

Pour citer cet article : Wim Coudenys, « Activisme politique et militaire dans l’émigration russe : réalité ou sujet littéraire ? À propos du « Bratstvo Russkoj Pravdy » après sa disparition », colloque Les Premières Rencontres de l’Institut européen Est-Ouest, Lyon, ENS LSH, 2-4 décembre 2004, http://russie-europe.ens-lsh.fr/article.php3?id_article=62